Prendre soin des ressources - Exposer au Musée Hermann Hesse de Montagnola
- Laura Amstutz
- 8 juin
- 3 min de lecture
Marcel Henry, directeur du Museo Hermann Hesse Montagnola, parle dans une interview avec Happy Museums des concepts de durabilité dans la conception d'expositions. Il souligne à cet égard l'importance de concilier les exigences esthétiques et écologiques tout en réduisant l'empreinte carbone.

Quels sont les défis liés à l'utilisation de matériaux recyclés ?
L'utilisation de matériaux recyclés est particulièrement facile à mettre en œuvre dans le domaine du mobilier, même si cela demande parfois un peu plus d'efforts. Pour l'exposition actuelle, nous travaillons avec un designer qui est également menuisier et qui utilise principalement du bois provenant de vieilles palettes. Le bois est soigneusement collé afin d'obtenir les formats et épaisseurs de planches nécessaires. Il est essentiel que le bois usagé soit stocké au sec. Dans un projet précédent, le bois stocké dans des conditions humides a provoqué des fissures, car le climat du musée était plus sec.
Les meubles sont-ils réutilisés ?
Cela dépend de l'exposition en question. En principe oui ; si ce n'est pas le cas, nous stockons les matériaux afin de les réutiliser plus tard. Des adaptations sont souvent nécessaires, car chaque exposition est unique. Il est important de travailler avec des personnes créatives qui partagent nos valeurs en matière d'esthétique et de durabilité.
Qu'est-ce qui facilite la réutilisation des matériaux ?
La collaboration avec des spécialistes doué-e-s. Un menuisier qui ne travaille pas exclusivement avec des matériaux neufs, mais qui comprend les spécificités des matériaux recyclés, contribue de manière significative à identifier et à éviter les problèmes potentiels à un stade précoce. Il en résulte des expositions qui ne doivent faire aucun compromis sur le plan esthétique.
Que signifie pour vous exposer de manière durable ?
Exposer de manière durable signifie pour moi une approche responsable et globale. Le choix des thèmes joue un rôle central, afin de créer un sens des valeurs et des visions du monde, tout comme l'utilisation consciente des matériaux. La préférence est donnée aux ressources recyclées ou réutilisables afin de concilier les aspects esthétiques et écologiques. Nous accordons en outre une importance particulière à la réduction des émissions de CO2 lors du transport des objets. Pour les deux dernières expositions, nous avons effectué tous les transports d'objets en train, ce qui nous a permis d'économiser au moins 2'000 kilomètres. Malheureusement, ce qui est le mieux sur le plan écologique demande souvent plus d'efforts et n'est pas toujours la solution la plus simple ou la plus économique.
Comment encouragez-vous la mobilité durable ?
La mobilité des visiteurs et visiteurs joue un rôle décisif. C'est pourquoi nous proposons désormais des entrées gratuites le premier dimanche du mois pour toutes les personnes venant en transports publics. Sur nos flyers, nous mettons en avant l'arrivée en transports publics et ne mentionnons volontairement pas le grand parking de Montagnola. Grâce au Ticino ticket, la plupart des hôtes peuvent utiliser gratuitement les transports publics. Le trajet en bus depuis Lugano ne dure que 15 minutes et les liaisons sont régulières.
Y a-t-il d'autres approches ?
Depuis l'année dernière, nous faisons partie de Swisstainable, ce qui nous motive à responsabiliser nos actions. Nous encourageons ainsi davantage les réflexions écologiques au sein de notre équipe, notamment dans le domaine de l'optimisation du chauffage. Ainsi, au début de l'hiver dernier, nous avons fait installer une minuterie plus efficace dans le musée afin de réduire la consommation d'énergie.
Qu'aurait dit Hermann Hesse de ces efforts ?
Dans les temps anciens, une gestion attentive des ressources était une nécessité, et Hermann Hesse avait un lien particulier avec la nature. Son mode de vie économe et son appréciation de la nature suggèrent qu'il aurait certainement soutenu la réutilisation des matériaux.
Merci beaucoup pour cet entretien intéressant !
Cette interview a été réalisée dans le cadre du projet «Upcycling Global Happiness», soutenu par la Fondation Mercator.
Comments